Date : 10/2003
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Dans un précédent spectacle piano-voix, Mathieu Rosaz proposait (1) voilà quelque temps, outre ses propres compositions – de la meilleure facture – sa version de chansons signées Boris Vian, Maurice Fanon, Anne Sylvestre ou Michèle Bernard. Choix exigeant qui méritait un prolongement par le disque. C’est fait, en « live ». Premier album, premier coup de maître (2) où l’on découvrait dans PerlimPinpin une conviction et une fraîcheur qui forçaient l’estime. Et excitaient la curiosite des amoureux de Barbara.
Suite logique, la parution en novembre 2002 de l’album studio « Mathieu Rosaz chante Barbara » (3). Simultanément, le Théâtre du Renard accueillait le spectacle du même nom. Qu’y avons-nous vu et entendu? Tout d’abord un piano (disposé de face… ) cristallin ou percussif à souhait sous les doigts d’un Mathieu Rosaz inspiré. Puis l’accordéon complice, virtuose, infiniment délicat de Michel Glasko : l’instrumentiste y était beaucoup plus qu’un simple accompagnateur. Et l’osmose entre les deux claviers absolument parfaite. Enfin une voix, entre force et fragilité, frémissante de naturel. Mais Surtout une sensibilité qui s’accorde, en plénitude, à l’univers de Barbara. C’est ainsi que se trouvent restituées dans leur force émotionnelle et leur vie intérieure chacune des vingt chansons présentées.
L’interprétation tout en nuances apporte, exercice rare, un éclairage nouveau à un ensemble construit, de surcroît, avec intelligence : chansons familières ou chansons disparues de nos mémoires (Boutons dorés, Du sommeil à mon sommeil, Joyeux Noël). Excepté L’homme en habit rouge, ce récital se révèle un enchaînement de réussites incontestables. En particulier Vienne, Le mal de vivre – poignant et magistral – La solitude ou L’île aux mimosas splendide extrait de Lily Passion. Ou bien encore Perlimpinpin, chanson « fétiche ». On comprend pourquoi. Autre joyau : Ne reviens pas si tard, poème de Robert Desnos mis en musique par Barbara qui, tout en l’ayant chanté en tournée, ne l’a jamais enregistré (4). Citons également Chapeau bas – essai transformé – en toute fin du spectacle. Il faut souligner la succession fluide des climats entre véhémence, émotion et humour ; la qualité du contact avec le public, lui-même rapidement conquis. Cette étape vaut confirmation pour cet interprète de 27 ans à l’élégance sobre, à la présence lumineuse. Il faut aller écouter Mathieu Rosaz sur scène (5), l’admiration qu’il porte à Barbara s’exprime en une seule et unique langue. Le respect.
LAURENT GHARIBIAN
(1) Spectacle toujours disponible.
(2) «Empreintes publiques » (2001), CD 17 titres LFB 058. Production Mathieu Rosaz, licence exclusive Le Loup du Faubourg, distribution Mélodie (cf. chronique JC n°28).
(3) 21 titres, réf. LFB 063, production Le Loup du Faubourg, distribution Mélodie. (cf. chronique JC n° 28).
(4) Cet inédit figure sur le CD.
(5) Une tournée se profile pour la saison prochaine (France et étranger).
Contact tournées: Le Loup du Faubourg Production – Editions – Tél. 01 40 21 12 40.